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đ L’Engrenage-Moulin de VillevĂȘque
MĂ©lanie Pasquier compose point aprĂšs point, ligne aprĂšs ligne, une Ćuvre sensible au rythme du temps intĂ©rieur. Depuis Rochefort, aprĂšs avoir longtemps travaillĂ© Ă SavenniĂšres, elle poursuit un travail du trait lent, mĂ©ditatif, qui interroge notre rapport au temps et Ă la mĂ©moire. Ses sĂ©ries Stones of chaos et NuĂ©es forment une gĂ©ologie sensible : chaque strate, chaque point semble fouiller les couches dâun souvenir enfoui. Une archĂ©ologie intime, oĂč la terre et la minĂ©ralitĂ© ouvrent une brĂšche vers une mĂ©moire en Ă©cho. La matiĂšre semble respirer, se souvenir. Chaque strate de dessin fouille la terre et le cĆur, rĂ©vĂ©lant ce qui Ă©tait enfoui, oubliĂ©, mais jamais perdu.
Lâexposition « Une forme du temps » rĂ©unie un ensemble de dessins, de peintures mais aussi dâobjets, dans la salle du Moulin de VillevĂȘque.
Deux nouvelles créations, « Voûte » et « RiviÚre », seront également présentées dans la salle « Gloriette » attenante au Moulin.
« Le fleuve, lâunivers, le tissage⊠des mĂ©taphores du temps qui, ont pris forme, point aprĂšs point, tel lâatome, le grain de sable, le point de couture, lâĂ©toile⊠»
« En regardant le ciel Ă©toilĂ©, nous pouvons penser Ă nos ancĂȘtres qui contemplaient le mĂȘme paysage que nous. Cette pensĂ©e vertigineuse et magique, abolie le temps et nous rappelle Ă sa permanence. Le disque de Nebra auquel je me rĂ©fĂšre, date de 1600 ans avant JC et est considĂ©rĂ© comme la plus ancienne reprĂ©sentation de la voĂ»te cĂ©leste. « VoĂ»te » ce veut une trace du ciel dâaujourdâhui, la photographie gravĂ©e dâun instant T qui nous est contemporain. Elle est aussi le tĂ©moignage de lâexpansion du temps, de notre fascination pour cette immensitĂ©. » MĂ©lanie Pasquier
« La riviĂšre comme le temps ont un flux constant et irrĂ©versible. Lâeau qui sâĂ©coule ne reviendra pas, ou sera diffĂ©rente selon la formule dâHĂ©raclite « on ne se baigne jamais deux fois dans le mĂȘme fleuve ». La permanence et lâimpermanence, deux notions rĂ©unies dans cette mĂ©taphore fluviale. Le mouvement incessant de ces eaux reflĂšte plusieurs aspects philosophiques essentiels : LâimpossibilitĂ© du retour en arriĂšre, la continuitĂ© du changement, lâunicitĂ© de chaque instant, la transformation permanente de toute chose.
«La ligne continue, lâaxe, reprĂ©sentation abstraite du temps.
Une infinité de points forme une ligne, une infinité de lignes forme une surface.*»
Le travail que je poursuis nĂ©cessite un temps long : je dessine presque toujours point par point, ainsi lâĂ©laboration dâun dessin peut prendre plusieurs semaines voir plusieurs mois.
Cette lenteur est nécessaire pour aboutir à la forme ou la surface souhaitée.
Ce rythme va aussi à contre-courant de celui dans laquelle la société de consommation nous entraine. Il ouvre un espace de concentration, de liberté. Il permet un souffle. » Mélanie Pasquier
*Roger Ackling